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un grand nombre de savants: Lassen, Duncker, Gesenius, Benfey, Champollion. Le commerce par caravanes formait aussi une branche importante du commerce des Phéniciens. Ezéchiei nous donne une description des plus vivantes du commerce de Tyr; l'Arménie, l'Assyrie, l'Arabie, l'Egypte y occupaient une place importante. Le marché du monde entier leur appartenait.

Malgré ce développement extraordinaire de leurs relations commerciales, les Phéniciens n'avaient pas de colonies proprement dites. Sur les points les plus importants de la Méditerranée, ils établissaient un comptoir avec une forteresse et un temple; c'était en général à l'abri d'un promontoire,sur lequel s'élevait leur chapelle. Même en Afrique, les Carthaginois n'ont jamais pratiqué la colonisation à la manière des Romains; jamais ils n'ont cherché à s'assimiler les populations de l'intérieur des terres ni à s'y établir d'une façon durable; leur politique était une politique commerciale, analogue à celle que pratiquent encore actuellement les Anglais en Inde. Ils se bornaient à occuper quelques points principaux,qui leur servaient d'entrepôts, et dont ils assuraient la sécurité au moyen de soldats indigènes. De là vient le peu de traces qu'a laissé leur domination en Afrique.

C'est par les objets qu'ils ont introduits dans la circulation, que les Phéniciens ont agi sur le monde. Il suffit, pour s'en rendre compte, de parcourir la liste presque interminable des mots qui ont été empruntés par les Grecs au phénicien. Un grand nombre de matières premières, de métaux, d'essences d'arbres, de plantes aromatiques, de pierres précieuses; les noms des différentes, sortes de vases, des instruments de musique, des étoffes, du matériel nécessaire pour écrire, rentrent dans cette catégorie. Le nom même des arrhes, appa6ov, est un mot phénicien erabôn. Les noms des poids et mesures leur étaient également empruntés, ou étaient parvenus par leur intermédiaire en Grèce. (Comparez uva = mnat; xepátiov = gêråh; κάβος, = kab ; κόρος = kor; σάτον = seah; δραχμή = darkemon).

Leur système de numération était des plus simples. Jusqu'à dix, ils alignaient des barres verticales qu'ils groupaient trois par trois, en inclinant la dernière, pour marquer la fin; 7 s'écrivait donc I III III. Dix était marqué par une barre horizontale, vingt par deux barres horizontales réunies par un trait transversal. Cent était un grand signe dégingandé qui n'était peut-être primitivement qu'un iod (la 10 lettre de l'alphabet 10 dizaines). Au delà, ils paraissent avoir marqué les centaines par des points qu'ils mettaient avant le signe cent; on n'a pas encore rencontré le signe mille. Mais, pour plus de sûreté, ils avaient introduit l'habitude, qui s'est conservée depuis dans le commerce, d'écrire le nombre en toutes lettres avant de le transcrire en chiffres.

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On commence à connaître aujourd'hui les noms de mois usités chez les Phéniciens. Nous en possédons huit, sans compter un ou deux autres qui sont mutilés. Ce sont les mois de Hijar, Faalot, Boul, Etanim, Zebach-Semes, Karar, Merpa et Merpaïm; mais nous n'arrivons pas encore à en déterminer rigoureusement la

succession. Les Phéniciens paraissent ne pas avoir eu d'ère. Ils comptent les années d'après le règne de chaque roi, ou d'après des magistratures éponymes, les suffètes, les décemvirs sacrés, etc. Ce n'est qu'à partir de la période grecque que nous voyons s'introduire chez eux des ères particulières, l'ère du peuple de Tyr, l'ère des hommes de Citium, faites sans doute sur le modèle de la grande ère des Séleucides, l'ère de l'Adôn-Melakim, c'est-à-dire du Roi des rois, qui figure, à partir de ce moment, concurremment avec les ères plus ou moins nationales, sur leurs inscriptions.

Les Phéniciens sont restés en possession du marché de l'Orient jusque sous l'empire romain. La destruction de Tyr par Alexandre et la fondation d'Alexandrie leur avaient porté un coup sensible. Ce fut comme une nouvelle phase de la lutte de l'Egypte contre l'Assyrie. A partir de ce moment, Alexandrie accapara une partie du transit de l'Orient; mais elle ne réussit pourtant pas à l'enlever entièrement aux villes de la côte de Syrie. Ce n'est qu'au moyen âge que les marchands de Venise remplacèrent définitivement les Phéniciens, Les Phéniciens devaient en effet leur puissance à une situation exceptionnelle. Ils étaient en possession de la seule route qui fit communiquer directement l'intérieur de l'Asie avec l'Occident; aussi est-ce par leur intermédiaire que se sont introduites en Europe non seulement les richesses du sol de l'Asie, mais la plupart des idées qui avaient cours en Orient. Ils apportaient avec eux ces scènes de la vie orientale, ces mythes naturalistes et ces histoires légendaires, réduits à leur plus simple expression, sous la forme d'images, gravées sur leurs coupes de métal ou sur leurs vases de terre, et ils les débitaient aux habitants des îles, qui croyaient y reconnaître une ancienne parenté avec les histoires. de leurs ancêtres. Les Phéniciens ont fait pour toutes choses ce qu'ils ont fait pour l'écriture; ils ont puisé dans le fonds intarissable des anciennes civilisations orientales, et en ont extrait quelques types, qui ont servi de modèles aux Grecs. C'est par la Phénicie que les Grecs ont connu l'Orient; mais les Phéniciens ne sont jamais sortis du rôle d'intermédiaires. La seule chose qui leur appartienne en propre, c'est l'instrument indispensable de toute transaction commerciale, le signe de l'échange, l'écriture.

IMPRIMERIE D. BARDIN, A SAINT-GERMAIN

LIBRAIRIE G. FISCHBACHER, ÉDITEUR, 33, RUE DE SEINE, A PARIS.

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Sur les Phéniciens. (Extrait des nouveaux Éclaircissements qui doivent compléter les Religions de l'antiquité, etc.,

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